Commentaire descriptif

Un nouveau-né voit le jour en plein hiver, au sein d’une famille déjà trop nombreuse. Accablé par la pauvreté, chaque membre de la famille s’occupe de sa propre survie et traite les autres avec amour, mais aussi brutalité et indifférence. Faisant figure d’autorité, la grand-mère Antoinette tente de protéger les enfants de la famille laissés pour compte. Un de ceux-là, le tuberculeux Jean-Le-Maigre se réfugie dans la poésie et dans son amitié avec son frère, le Septième. Héloïse, quant à elle, dévote à l’extrême, est déchirée entre le vice et la vertu et cherche à purifier son âme. Ce court roman percutant dresse le portrait baroque d’une famille issue d’un milieu rural québécois traditionnel. À travers des scènes de la vie quotidienne et les réflexions personnelles des protagonistes, le récit illustre leur misère physique, morale et affective, durant un hiver long et rude. Dense et chargée, l’écriture brutalement réaliste décrit le climat hostile, la promiscuité et l’absence de communication entre les membres de la famille. Les pulsions agressives, sexuelles, incestueuses et délinquantes des personnages sont en opposition constante avec leur devoir d’obéissance à la vertu de l’Église catholique. Parmi ces esprits écrasés par une misère aliénante et par un discours religieux étouffant, certaines voix émergent dans une lucidité saisissante. Les pensées de la grand-mère, les prières d’Héloïse et les poèmes de Jean-Le-Maigre révèlent des vies intérieures riches et insoupçonnées. La présence de certaines scènes exige de la maturité de la part du lecteur et l'accompagnement d'un adulte lors de la lecture de ce roman est suggéré. Ce roman a été récipiendaire du prix Médicis en 1966.